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Entretien avec Miren Azkarate, chercheuse invitée au CRIEM et titulaire de la Chaire Elbira-Zipitria du Pays basque

±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 13 September 2023

Miren Azkarate dans une bibliothèque

Le CRIEM a le plaisir d'accueillir Miren Azkarate comme chercheure invitée, du 21 septembre au 4 octobre 2023. Miren Azkarate est invitée dans le cadre de la Chaire Etxepare Euskal Institutua Elbira-Zipitria en études basques, fruit d'une entente entre le CRIEM, l'Etxepare Euskal Institutua et l'Université º£½ÇÉçÇø.ÌýTout comme le Québec,ÌýEuskalÌýHerriaÌý(le pays Basque) se distingue par sa langue, sa culture et son histoire; la Chaire propose de mettre en parallèle les perspectives québécoises et basquesÌýquantÌýà l’enseignement, l’aménagement et l’usage des langues, notamment.

Mme Azkarate est une collaboratice d'honneur de l' depuis janvier 2023, après une carrière comme professeure de philologie à cette même université. Mme Azkarate est une spécialiste des enjeux portant sur l'aménagement linguistique, la planification, l'usage et l'enseignement des langues minoritaires. Elle s'est surtout penchée sur le cas du basque et quelles stratégies, actions et projets mettre de l'avant pour favoriser l'utilisation de la langue basque tant dans les écoles, les institutions publiques qu'auprès des nouveaux arrivants en zone urbaines. Elle a également été ministre de la culture au sein du gouvernement basque, de 2001 à 2009.

Pour en savoir plus sur son séjour, le CRIEM a contacté Miren Azkarate par courriel et lui a posé quelques questions.

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Qu'est-ce qui vous amène au CRIEM-CIRM?

La Chaire Elbira-Zipitria m'amène au CRIEM-CIRM. Cette Chaire, inaugurée en septembre dernier, a été créée dans le cadre du groupe de chaires promu par l'Etxepare Euskal Institutua qui, entre autres activités, soutient la recherche sur la langue et la culture basques à travers des chaires d'études créées dans des universités de premier plan du monde entier. La Chaire Elbira-Zipitria est la dernière d'entre elles, créée, comme je l'ai dit, l'année dernière à l'Université º£½ÇÉçÇø. Cette Chaire, qui porte le nom de l'éducatrice basque, pionnière et promotrice de l'enseignement en basque, institutrice novatrice et créatrice du système d'ikastola en langue basque, sera consacrée à la culture basque et à l'innovation culturelle. En effet, la Faculté des arts et la Faculté d'ingénierie de l'Université º£½ÇÉçÇø collaborent depuis 2022 avec le Centre de recherche interdisciplinaire de Montréal (CRIEM) pour promouvoir la langue basque dans l'éducation et la société, en plaçant au centre les mouvements culturels novateurs. J'ai le privilège d'être le premier professeur invité de la Chaire.

Vous étudiez la politique linguistique menée au Pays basque ; comment se compare-t-elle à la situation linguistique au Québec et à Montréal? Par exemple, avez-vous un exemple où les enjeux sont similaires et un autre où ils sont différents?

Je dirais que les sociétés dans lesquelles il y a une langue minoritaire ont toujours des défis similaires à relever. Elles ont besoin d'un engagement clair de la part de la société pour retrouver la langue et d'un engagement clair de la part des dirigeant·e·s politiques pour promulguer des lois et des décrets afin de rendre effectif (réaliser) ce que Fishman a appelé «l'inversion du changement linguistique».

C'est la première grande similitude entre le Québec et le Pays basque. Nous sommes tous deux partis d'une situation où le français et le basque étaient minoritaires et nous mettons en œuvre des politiques pour permettre aux citoyens d'utiliser leur langue respective dans tous les domaines de la vie quotidienne. Et, grâce à ces politiques, nous avons tous deux vu la situation du français et du basque évoluer; dans les deux cas, l'éducation a joué et continue de jouer un rôle central.

Mais il ne fait aucun doute qu'il existe également des différences majeures entre le Québec et le Pays basque. Tout d'abord, le basque est une langue pré-indo-européenne, sans parenté connue parmi les langues du monde. C'est une langue ergative, agglutinante, avec une morphologie verbale complexe, ce qui signifie qu'il y a une grande distance linguistique entre l'espagnol ou le français et le basque.

D'autre part, la Charte de la langue française établit que le français est la langue officielle du Québec, alors qu'au Pays basque nous avons deux langues officielles: l'espagnol et le basque. Au Québec, le français est la langue maternelle de 79,6 % de la population et, selon Leimgruber (2019), «le bilinguisme devient de plus en plus un trait caractéristique des Québécois anglophones». Dans notre pays, seulement 36% de la population est bilingue et l'espagnol est la langue maternelle de 75% de la population.

Je pourrais continuer à détailler les différences, mais je pense que les données ici mentionnées sont suffisantes pour montrer les différences majeures entre le Québec et le Pays basque.

Quelles sont les questions actuelles concernant les groupes d'activistes de la langue au Pays basque?

Nous sommes nombreux à penser que la langue basque est sur une voie de garage. Elle doit faire des progrès décisifs dans les écoles, dans le monde du travail et dans l'usage informel. Les groupes d'activistes linguistiques, aujourd'hui bien organisés et collaborant avec les institutions publiques pour la promotion de la langue basque, partagent ce diagnostic et ces préoccupations.

Parmi les groupes d'activistes linguistiques, je voudrais souligner, d'une part, l'Euskalgintzaren Kontseilua (Conseil des activistes linguistiques), qui rassemble les principales organisations et entités sociales travaillant en faveur de la normalisation de la langue basque.

Il est composé de plus de 30 associations qui, en tirant parti de leur force commune, cherchent à influencer les politiques linguistiques afin d'accélérer le processus de normalisation de la langue basque. D'autre part, l'Euskaltzaleen Topagunea (Point de rencontre des bascophiles), un mouvement social engagé dans la construction d'une communauté qui veut vivre en basque, est formé par un groupe d'associations, de citoyen·ne·s et de travailleur·se·s engagé·e·s en faveur de la langue basque et de la communauté euskaldun (bascophone).

Récemment, dans le cadre d'une conférence organisée par le Vice-ministère de la Politique linguistique, deux documents très importants ont été présentés. Respectivement, LeÌýChangement par addition. Consensus social pour influencer les politiques linguistiques, et Sauter d'un seul coup. Théorie du changement pour avancer avec l'utilisation de la langue basque.ÌýCes deux documents présentent des similitudes et des coïncidences frappantes et s'inscrivent parfaitement dans l'analyse de «Faiblesses, menaces, forces et ppportunités de la langue basque aujourd'hui», réalisée par le Vice-Ministère de la Politique Linguistique.

Comment pensez-vous que le CRIEM-CIRM vous aidera dans votre recherche?

Le Québec a toujours été une référence pour nous. Notre loi sur la normalisation du basque (1982) est clairement inspirée de la Charte de la langue française de Québec. Je dirais que les droits des citoyen·ne·s et les obligations des pouvoirs publics en matière de langue basque inclus dans la Loi de normalisation de l'usage de la langue basque (1982) sont basés sur les droits linguistiques fondamentaux énoncés dans la Charte de la langue française.

Par ailleurs, dans les années 1980 et 1990, nous avons entretenu des relations constantes avec des sociolinguistes québécois comme William Mackey ou Richard Bourhis, qui ont été des conseillers indispensables tant pour les Basques que pour les Catalans. Le professeur Bourhis se souvient très bien de sa participation à l'élaboration de notre premier plan de revitalisation de la langue basque.

C'est pourquoi je sais que nous pouvons aujourd'hui également tirer des enseignements des politiques linguistiques mises en œuvre au Québec. Parce qu'aujourd'hui nous partageons des problèmes similaires; entre autres, la question de l'immigration (comment mener des politiques interculturelles inclusives); l'attrait de de l'anglais ou de l'espagnol chez les jeunes, qui les conduit à laisser de côté le français ou le basque ou à utiliser une variété truffée d'anglicismes ou d'espagnolismes... L'espagnol est «cool» pour de nombreux adolescent·e·s basques; l'anglais est probablement aussi «cool» pour de nombreux adolescent·e·s québécois·e·s. Bref, même aujourd'hui, nous avons des sujets sur lesquels nous pouvons échanger nos expériences, des sujets sur lesquels nous pouvons apprendre beaucoup du Québec.

Y a-t-il un événement ou un lieu à Montréal dont vous avez entendu parler et que vous avez hâte de visiter?

Cela fait des années que je veux voir les couleurs de l'automne. Je vais enfin avoir l'occasion de voir toutes ces nuances de rouge, de jaune, d'orange, de bronze - rouge.... J'ai lu sur Internet que «le feuillage d'automne à Montréal commence généralement à la fin du mois de septembre et atteint son apogée à la mi-octobre». J'ai hâte de le voir de mes propres yeux.

D'autre part, l'année dernière, j'ai eu l'occasion de passer cinq jours à Montréal. J'ai hâte de montrer à mon mari la merveilleuse ville qu'est Montréal : le Vieux-Montréal et le Vieux-Port, le Mont-Royal et Outremont, le Mile-End... et bien d'autres endroits!


D'ailleurs, le CRIEM vous invite à un lunch-causerie en compagnie de Mme Azkarate, le 22 septembre à 11h30. Le titre de ce lunch-causerie est «Rôles des universités et des villes pour la valorisation, l’apprentissage et l’usage des langues en contexte minoritaire. Les exemples de l’Euskara à Donostia-San Sebastián et de la langue française à Montréal».Ìý

Pour réagir à l'allocution de Mme Azkarate, il y aura Noémie Dansereau-Lavoie (Commissaire à la langue française, Ville de Montréal), Marion Vergues (Directrice et chargée d’enseignement, Centre d’enseignement du français, Faculté des arts, Université º£½ÇÉçÇø), Élisabeth Veilleux (Chargée d’enseignement, Centre d’enseignement du français, Faculté des arts, Université º£½ÇÉçÇø), Manon Gadbois (Faculté de l’éducation permanente, Université º£½ÇÉçÇø), Annie Desnoyers(Faculté des sciences de l'éducation, Université de Montréal) et Marie-Cécile Guillot (Professeure associée et maitre de langue en français langue seconde, École de langues, UQAM).

Le lunch-causerie est organisé en partenariat avec le Centre d’enseignement du français (CEF) de º£½ÇÉçÇø.

L'évènement est ouvert à tous et gratuit, mais les places sont limitées. Pour réserver, envoyez un assunta.fiorita [at] mcgill.ca (subject: R%C3%A9servation%20pour%20le%20lunch-causerie%20du%2022%20septembre%20avec%20Mme%20Miren%20Azkarate) (courriel à Assunta Fiorita) du CRIEM. Vous avez jusqu'au 20 septembre 2023 pour réserver!

Le CRIEM est situé au 8e étage du 680, rue Sherbrooke Ouest.

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