La chanson est universelle
La musique, y compris les chansons avec paroles, serait un phĂ©nomène universel, si l’on en croit un article publiĂ© cette semaine dans la revue Science. C’est la conclusion Ă laquelle est arrivĂ©e une Ă©quipe internationale de chercheurs composĂ©e de musiciens, de scientifiques de donnĂ©es, de psychologues, de politologues et de linguistes, dont un de l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř, après cinq annĂ©es passĂ©es Ă collaborer et Ă mettre en commun un large Ă©ventail d’expertises et d’outils dans un seul but : dĂ©terminer si la musique est universelle.
De vastes ensembles de données pour des conclusions étoffées
Pour déterminer les différences et les similarités liées à la musique dans diverses sociétés, les chercheurs ont dû se servir d’ensembles de données d’une importance et d’une ampleur sans précédent. Ils ont étudié chaque société pour laquelle figurait de l’information ethnographique dans une importante base de données en ligne – 315 sociétés en tout – et ont relevé des mentions de la musique dans chacune d’entre elles. Ils ont collecté quelque 5 000 descriptions de chansons à partir d’un sous-ensemble de 60 cultures dans 30 régions géographiques différentes.
« Cette base de donnĂ©es sur les textes ethnographiques, c’est un vrai trĂ©sor », explique Timothy O’Donnell, linguiste Ă şŁ˝ÇÉçÇř. SpĂ©cialiste des donnĂ©es, il Ă©tait très enthousiaste Ă l’idĂ©e d’appliquer les techniques d’intelligence artificielle qu’il utilise habituellement en linguistique pour Ă©tudier la musique. « Comme les ethnographes ont numĂ©risĂ© une grande partie de la littĂ©rature de leur domaine, puis relevĂ© les mots-clĂ©s par paragraphe, nous avons pu y puiser l’information essentielle sur les fonctions de la chanson. »
Une gigantesque chasse au trésor musicale
L’équipe a aussi déniché des dizaines d’enregistrements sous forme de bobines, de vinyles, de cassettes, de CD et de fichiers numériques provenant de bibliothèques et de collections privées d’ethnomusicologues des quatre coins du monde. Elle a ainsi recueilli 118 chansons issues de 86 cultures, encore une fois dans 30 régions géographiques.
Les chansons aux fonctions semblables présentent des caractéristiques musicales semblables
Les chercheurs ont constaté que d’une société à l’autre, la musique est associée aux mêmes situations (soins aux enfants, guérison, danse, amour, deuil, guerre, processions et rituels, etc.), et que la fonction de la chanson tend à être la même. En étudiant des berceuses, des chants de guérison et de danse ainsi que des chansons d’amour, ils ont également remarqué que les chansons ayant des fonctions semblables semblaient aussi présenter des caractéristiques musicales semblables.
Cette découverte est attribuable à la sophistication des outils d’analyse de données et au travail de collaboration de tous les participants au projet.
« J’étais très heureux de pouvoir comparer à grande échelle la musique de différentes cultures, comme on le fait pour la langue depuis un certain temps, indique M. O’Donnell. C’est un projet plutôt unique : je crois qu’aucun d’entre nous n’aurait pu le réaliser seul. On suppose depuis longtemps que certains aspects de la musique sont universels et présents dans toutes les cultures, mais personne n’avait encore réussi à le prouver de façon aussi exhaustive. »
À lire : « Universality and diversity in human song », par Samuel H. Mehr et coll., dans Science.
Doi : 10.1126/science.aax0868
Ěý
La recherche a été financée par la Harvard Data Science Initiative; la bourse « Early Independence » du directeur des National Institutes of Health; la bourse d’études présidentielle de la Harvard Graduate School of Education de l’Université Harvard; le Département de psychologie de l’Université Harvard; une bourse pour étudiants des cycles supérieurs de l’initiative interfacultaire « Mind Brain Behavior »; le programme de bourses de recherche des cycles supérieurs de la Fondation nationale des sciences; le programme de bourses de recherche postdoctorale de Microsoft; la Faculté des Arts et le Bureau du doyen des sciences de l’Université de Washington; le Center for Science and Society de l’Université Columbia; le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada; le Fonds de recherche du Québec – Société et culture; et le laboratoire d’excellence de l’Institute for Advanced Study in Toulouse (Agence Nationale de la Recherche).
Ěý
L’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř
FondĂ©e en 1821, Ă MontrĂ©al, au QuĂ©bec, l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř figure au premier rang des universitĂ©s canadiennes offrant des programmes de mĂ©decine et de doctorat. AnnĂ©e après annĂ©e, elle se classe parmi les meilleures universitĂ©s au Canada et dans le monde. Grand Ă©tablissement et haut lieu de la diversitĂ©, l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř exerce ses activitĂ©s de recherche dans deux campus, 11 facultĂ©s et 13 Ă©coles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au‑delĂ de 40 000 Ă©tudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supĂ©rieurs. Elle accueille des Ă©tudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 Ă©tudiants internationaux reprĂ©sentant 31 % de sa population Ă©tudiante. Au‑delĂ de la moitiĂ© des Ă©tudiants de l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.
Renseignements
Katherine Gombay
Service des relations avec les mĂ©dias de l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř
514 398‑2189
Katherine.gombay [at] mcgill.ca
Ěý
Ěý