Une nouvelle étude pourrait mener à la mise au point d’antidépresseurs à action plus rapide
Pour ceux qui souffrent de »åé±è°ù±ð²õ²õ¾±´Ç²Ô, une journée sans traitement peut sembler une éternité. Une nouvelle étude permet maintenant de comprendre pourquoi il faut parfois six semaines avant que les antidépresseurs les plus prescrits exercent leurs effets. Cette découverte pourrait un jour mener à la mise au point de médicaments plus efficaces et qui agissent plus rapidement.
La »åé±è°ù±ð²õ²õ¾±´Ç²Ô serait liée, notamment, à un déficit d’un neurotransmetteur appelé « sérotonine ». Les antidépresseurs les plus utilisés, dont le Prozac et le Zoloft, appartiennent à la classe des inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS), qui bloquent l’absorption de sérotonine, entraînant ainsi une hausse des concentrations actives de cette dernière dans le cerveau.
Si les ISRS sont utilisés depuis des décennies dans le traitement de la »åé±è°ù±ð²õ²õ¾±´Ç²Ô, leur mode d’action n’a pas encore été parfaitement élucidé. On ignore également pourquoi les effets de ces médicaments sur le comportement n’apparaissent qu’au bout de quelques semaines ou mois en dépit de leur effet pharmacologique immédiat.
Afin de mieux comprendre les ISRS et leurs effets sur le cerveau, les scientifiques Å“uvrant au laboratoire de Paul Greengard à l’Université Rockefeller, à New York, ont travaillé en collaboration avec Adrien Peyrache, chercheur à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal de l’Université º£½ÇÉçÇø. Il y a quelques années, les membres de l’équipe de Paul Greengard avaient déterminé qu’une protéine appelée « p11 » joue un rôle clé dans les comportements de type dépressif. Cette protéine est fortement exprimée dans un sous-groupe de neurones de l’hippocampe, les cellules à cholécystokinine (CCK). Ces petits neurones jouent un rôle déterminant dans l’équilibre excitation-inhibition du réseau et comptent beaucoup plus de récepteurs de la sérotonine que les autres neurones de l’hippocampe. Fort de cette observation, Lucian Medrihan, auteur principal de l’étude, a conclu que l’étude des cellules à CCK pourrait aider les chercheurs à mieux comprendre le mode d’action des ISRS.
Les chercheurs ont ainsi découvert que la sérotonine inhibe normalement les cellules à CCK, contribuant ainsi à l’équilibre de l’activité dans l’hippocampe. L’inhibition artificielle des cellules à CCK se traduit par les mêmes effets antidépressifs que ceux des ISRS, ce qui donne à penser que celles-ci pourraient constituer une cible prometteuse pour la mise au point d’antidépresseurs à action rapide.
Les auteurs ont en outre démontré que les effets exercés par les ISRS sont extrêmement différents selon que le traitement est de courte ou de longue durée. En effet, la sérotonine active différents récepteurs selon la durée du traitement, et le traitement prolongé entraîne une réorganisation de l’activité neuronale, contrairement au traitement de courte durée.
Ces constatations pourraient expliquer pourquoi les effets psychologiques des ISRS tardent à se manifester, contrairement à certains effets physiologiques.
La »åé±è°ù±ð²õ²õ¾±´Ç²Ô représente un lourd fardeau dans le monde. En 2012, 4,7 pour cent des répondants à l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes ont affirmé souffrir de symptômes de »åé±è°ù±ð²õ²õ¾±´Ç²Ô majeure. En outre, une étude réalisée en 2014 a révélé que le trouble dépressif majeur touche sept pour cent de la population mondiale et 16 pour cent de la population des États-Unis.
En ouvrant un jour la voie à la mise au point de traitements plus efficaces à action rapide, une meilleure compréhension du mode d’action des ISRS pourrait améliorer la vie de millions de personnes.
« Nous avons découvert un aspect important du mode d’action des antidépresseurs, mais il reste encore beaucoup à faire », souligne Adrien Peyrache. « En comprenant mieux certains des processus au cœur du mode d’action de ces médicaments, nous espérons ouvrir la voie à de nouveaux traitements qui cibleront davantage la zone du cerveau et le type de cellules incriminés plutôt que d’agir de façon globale sur tous les neurones. En outre, les effets indésirables associés aux médicaments plus ciblés sont souvent moins nombreux et moins graves. »
de cette étude ont été publiés dans la version imprimée du numéro du 2 août 2017 de la revue Neuron. Ces travaux de recherche ont été financés par des subventions de la United States Army Medical Research Acquisition Activity.
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro – est un établissement de calibre mondial voué à la recherche sur le cerveau et aux soins neurologiques de pointe. Depuis sa création, en 1934, par le célèbre neurochirurgien Wilder Penfield, le Neuro est devenu le plus grand établissement de recherche et de soins cliniques spécialisé en neurosciences au Canada, et l’un des plus importants sur la scène internationale. L’intégration harmonieuse de la recherche, des soins aux patients et de la formation par les plus grands spécialistes du monde contribue à positionner le Neuro comme un centre d’excellence unique pour l’avancement des connaissances sur les troubles du système nerveux et leur traitement. En 2016, le Neuro est devenu le premier institut au monde à adopter sans réserve le concept de la science ouverte en créant l’Institut de science ouverte Tanenbaum. Institut de recherche et d’enseignement de l’Université º£½ÇÉçÇø, l’Institut neurologique de Montréal s’inscrit dans la mission en neurosciences du Centre universitaire de santé º£½ÇÉçÇø.