Un antioxydant populaire est probablement inefficace
Selon une croyance largement rĂ©pandue, l’ubiquinone, supplĂ©ment diĂ©tĂ©tique connu sous le nom de coenzymeĚýQ10, agirait comme un antioxydant et protĂ©gerait les cellules contre les dommages causĂ©s par les radicaux libres. Une nouvelle Ă©tude rĂ©alisĂ©e par des scientifiques de l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř rĂ©vèle toutefois que l’ubiquinone n’est pas un antioxydant essentielĚý‒Ěýet que sa consommation n’offre probablement aucun avantage.
Les rĂ©sultats de cette Ă©tude rĂ©alisĂ©e par une Ă©quipe dirigĂ©e par le professeur SiegfriedĚýHekimi, du DĂ©partement de biologie de l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř, ont Ă©tĂ© publiĂ©s aujourd’hui (le 6ĚýmarsĚý2015) dans la revue spĂ©cialisĂ©e Nature Communications.
L’ubiquinone est une substance semblable aux lipides que l’on trouve Ă l’état naturel dans toutes les cellules du corps. Les cellules ont besoin d’ubiquinone pour produire de l’énergie Ă partir des nutriments et de l’oxygèneĚý–Ěýune fonction assumĂ©e par de minuscules structures cellulaires appelĂ©es mitochondries. Puisque l’on croyait qu’elle agissait Ă©galement comme un antioxydant, l’ubiquinone Ă©tait recommandĂ©e pour le traitement de diverses affections et comme supplĂ©ment anti-âge; on estime que les ventes de cette substance se chiffrent Ă des centaines de millions de dollars par annĂ©e.
«ĚýLes rĂ©sultats de notre Ă©tude montrent que l’un des supplĂ©ments d’antioxydants contre le vieillissement les plus utilisĂ©s ne peut exercer les bienfaits qu’on lui attribuaitĚý», affirme le professeurĚýHekimi. «ĚýPartout dans le monde, les gens dĂ©pensent une fortune pour l’achat de supplĂ©ments diĂ©tĂ©tiques et feraient mieux d’utiliser cet argent pour se procurer des aliments sains. En outre, comme ils espèrent avoir trouvĂ© une solution miracle, ils sont moins disposĂ©s Ă modifier leur mode de vie.Ěý»
Afin d’étudier la façon dont le mĂ©tabolisme Ă©nergĂ©tique influe sur le vieillissement, les chercheurs de şŁ˝ÇÉçÇř ont crĂ©Ă© la première souche de souris pour laquelle les scientifiques sont en mesure d’éliminer graduellement l’ubiquinone, puis d’en rĂ©tablir au besoin les taux normaux. En raison du rĂ´le de l’ubiquinone dans la production d’énergie, la perte de cette substance s’est traduite chez les souris par de graves maladies et la mort prĂ©maturĂ©e. Les chercheurs ont toutefois Ă©tĂ© surpris par l’absence de signes d’augmentation des dommages oxydatifs touchant les membranes cellulaires ou l’ADN causĂ©s par les radicaux libres, molĂ©cules parfois nuisibles dĂ©rivĂ©es du mĂ©tabolisme de l’oxygène pendant la respiration cellulaire. Les scientifiques ont Ă©galement conclu que cette absence inattendue de dommages ne rĂ©sultait pas de l’utilisation d’autres stratĂ©gies antioxydantes par les animaux.
Parallèlement, l’étude a permis de mieux comprendre l’importance du rĂ´le de l’ubiquinone dans la production d’énergie par les mitochondries. «ĚýDe nombreux patients sont malades parce que leurs mitochondries ne remplissent pas bien leur rĂ´le, notamment parce qu’elles ne contiennent pas suffisamment d’ubiquinoneĚý», explique le professeurĚýHekimi. «ĚýNous entendons utiliser les rĂ©sultats de cette Ă©tude pour concevoir des façons et, possiblement, des mĂ©dicaments, permettant d’augmenter les taux d’ubiquinone ou d’aider l’ubiquinone rĂ©siduelle Ă fonctionner efficacement dans les mitochondries dĂ©fectueuses.Ěý» Ă€ cette fin, l’équipe de recherche a rĂ©cemment reçu une subvention de MitoCanada, un organisme de bienfaisance qui vient en aide aux personnes atteintes de maladies mitochondriales.
Cette étude a été financée par les Instituts canadiens de recherche en santé.
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L’article intitulĂ© «ĚýMitochondrial function and lifespan of mice with controlled ubiquinone biosynthesisĚý», par YingĚýWang, DaniellaĚýOxer et SiegfriedĚýHekimi, a Ă©tĂ© publiĂ© en ligne le 6ĚýmarsĚý2015 dans la revue spĂ©cialisĂ©e Nature Communications.
DOIĚý: 10.1038/ncomms7393
PHOTO: THINKSTOCKĚý
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