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Seymour Schulich : générosité, leadership et vision

Seymour Schulich : nouveau modèle de donateur

Si vous avez la chance de bavarder avec Seymour Schulich [BSc 1961 (º£½ÇÉçÇø), MBA 1965 (º£½ÇÉçÇø)] il est fort possible qu'il vous recommande un livre utile ou qu'il partage avec vous quelques anecdotes pleines d'esprit tirées de sa vie extraordinaire. Si jamais vous lui rendez visite à sa résidence de Toronto, où il habite avec son épouse Tanna à qui il a uni sa destinée il y a 36 ans, vous le verrez dans le rôle qu'il affectionne par-dessous tout. Les photos de sa femme, de ses filles et de ses petits-enfants qui ornent murs, tables, étagères témoignent de son attachement primordial à la vie de famille. Les yeux bleus du sexagénaire s'emplissent de fierté lorsqu'il parle de ses filles, Deborah et Judith. « J'aime bien la musique folklorique, comme le Chad Mitchell Trio, mais ça les rend complètement folles », glousse-t-il.

Seymour Schulich a le rire prompt. Et bien qu'il ait amassé une fortune dans l'univers masculin de l'industrie minière, il ne fait pas mystère de l'affection qu'il porte à ses petits-enfants, Jade et Solomon, dont les noms amènent aussitôt un sourire ému sur ses lèvres. Seul son cabinet laisse deviner qu'il est l'un des plus importants hommes d'affaires et mécènes canadiens. Des photos le représentant aux côtés de notables recouvrent un mur entier. Sur l'une d'entre elles, on le voit en compagnie de l'ancien président américain George Bush père. Une autre, prise en 2000, le montre tout sourire au moment où la gouverneure générale du Canada de l'époque, Madame Adrienne Clarkson, l'a fait membre de l'Ordre du Canada. Ses albums de photos regorgent de souvenirs d'autres moments mémorables, notamment de photos prises alors qu'il recevait des doctorats honorifiques des Universités York et º£½ÇÉçÇø. Il semble prophétique qu'une citation inscrite dans son album de diplômés, en 1961, soit devenue son crédo : « La vie est mon école. J'espère y obtenir mon diplôme et récolter quelque honneur. » Doué pour la finance, Seymour Schulich a connu plus que sa part de succès durant sa carrière d'entrepreneur. « J'attribue cela à une heureuse combinaison de chance et de travail ardu », dit-il. D'autres y voient plutôt de la perspicacité. « À la Faculté de gestion, se rappelle le professeur à la retraite Don Armstrong, qui a enseigné à M. Schulich au cours des années 1960, tous savaient que c'était un jeune prodige de la finance. »  À preuve le concept unique de paiements de redevances qu'il a introduit dans l'industrie minière, ce qui a permis à Franco-Nevada, la société qu'il a fondée avec son associé Pierre Lassonde, de devenir la première société de redevances dans le secteur des ressources. À preuve aussi, la fusion de Franco-Nevada qui a créé Newmont Mining Corporation, l'une des plus importantes sociétés aurifères actuelles, qu'il a orchestrée en 2002. Il est d'ailleurs encore aujourd'hui président du conseil de la banque d'investissement Newmont Capital Ltd, le bras bancaire de Newmont Mining. « Seymour Schulich, c'est une fabuleuse success story et un pionnier en philanthropie comme en affaires » de dire la principale et vice-chancelière de º£½ÇÉçÇø, Mme Heather Munroe-Blum.

Des partenariats de toute une vie

À l'instar de son engagement envers sa famille et ses entreprises, son mécénat en faveur des universités représente le troisième grand partenariat de Seymour Schulich. En 1995, le don fondateur qu'il a versé à l'Université York y a transformé la faculté d'administration et a propulsé l'École de gestion Schulich aux premiers rangs des établissements de même nature du Canada. Ce don a également incité plusieurs Canadiens fortunés à emboîter le pas et à appuyer personnellement des établissements. Il y a aussi de bonnes raisons de croire que ses dons à la Faculté de médecine de l'Université Western Ontario, maintenant appelée École de médecine et de médecine dentaire Schulich, et à l'École de génie Schulich de l'Université de Calgary, auront le même effet. Il avait aussi, par le passé, gratifié son alma mater d'un don de près de 3 M$ destiné à la Bibliothèque Schulich de génie et de sciences et à la Faculté de gestion. Son plus récent don de 20 M$ à l'École de musique Schulich de l'Université º£½ÇÉçÇø, annoncé la veille de la Journée internationale de la musique, portera à plus de 100 M$ — somme inégalée pour un mécène canadien — le total de ses dons à des établissements universitaires. « Sa libéralité avant-gardiste et stratégique est en outre en accord avec sa conviction que les riches ont la responsabilité de faire servir leur richesse au bien public », ajoute Mme Munroe-Blum.

Le devoir de donner en retour

Seymour Schulich estime en effet que c'est un devoir de donner en retour. « Tous ceux qui jouissent des libertés et du niveau de vie rendus possible au Canada ont le devoir, s'ils en ont les moyens, de redonner à leur tour. La manière de donner importe peu, pourvu que vous apportiez votre contribution : donner du temps ou faire bénéficier les autres de votre talent est tout aussi valable. » Seymour Schulich s'arrête un instant, puis poursuit en soulignant qu'il trouve dommage que les Canadiens fortunés n'offrent pas autant de soutien que leurs homologues américains à des oeuvres caritatives : « Nous donnons 44 % moins par habitant que les Américains, souligne-t-il. Quelle en est la raison? » « Et quelle meilleure façon de redonner ce qu'on a reçu que d'investir dans l'éducation des générations suivantes? » lance-t-il pour expliquer son désir d'aider les futurs étudiants.

Un gain exceptionnel pour les étudiants

Dans la plupart des cas, ses dons ont été affectés à la création de bourses d'études. Pourquoi? « Les jeunes ne devraient pas être couverts de dettes à la fin de leurs études », explique-t-il, précisant qu'il juge préférable d'attribuer des bourses que des prêts. « Seymour Schulich a un impact prodigieux sur l'enseignement supérieur », s'émerveille le doyen de l'École de musique Schulich de l'Université º£½ÇÉçÇø, Don McLean. « À la fin du prochain siècle, ses dons combinés auront permis à 20 000 étudiants des quatre coins du pays de bénéficier d'une bourse d'études Schulich : assez de gens pour remplir le Stade Molson de l'Université º£½ÇÉçÇø! » Le don de Seymour Schulich au programme de musique de º£½ÇÉçÇø permettra l'instauration de deux nouvelles chaires dotées et donnera à plusieurs générations d'étudiants en musique la chance de réaliser leurs rêves. Sa générosité permettra d'octroyer annuellement 40 bourses renouvelables d'environ 10 000 $ pour les étudiants en musique de 2e et 3e cycles, et de 5 000 $ pour les étudiants de 1er cycle.

Un érudit est né

Montréalais de naissance, Seymour Schulich a pu mesurer concrètement la valeur du soutien universitaire. Il se rappelle ses emplois d'été dans des manufactures de verre ou de boîtes. « Ces expériences m'ont convaincu que ce serait là mon destin si je ne me prenais pas en main. » Lorsqu'il a obtenu son baccalauréat en sciences en 1961, il était le premier de sa famille à faire des études universitaires. « Je faisais souvent le même cauchemar : je passais un examen, au Gymnase Currie, le temps alloué était presque écoulé et je n'avais encore rien écrit sur ma copie », s'esclaffe-t-il. Il était de la première promotion de M.B.A. de la Faculté de gestion de º£½ÇÉçÇø en 1965; il attribue l'obtention de ce diplôme à une bourse de 1 600 $ que lui avait décernée une entreprise, Bache et Co. « Cette bourse a changé ma vie. Elle m'a permis d'acquérir huit ans d'expérience des affaires en deux petites années », dit-il, ajoutant qu'il a par la suite obtenu un diplôme d'analyste financier agréé de l'Université de Virginie (en 1969). « Aujourd'hui encore, au moment de prendre des décisions, je tire profit de ce que j'ai appris durant mes études au M.B.A. » Le professeur à la retraite Don Armstrong souligne la gratitude de son ancien élève envers le programme de M.B.A. Des années plus tard, alors qu'il avait invité Seymour Schulich à s'adresser à ses étudiants, il l'a vu contredire un étudiant qui suggérait que le monde réel préparait mieux aux affaires que le M.B.A. « Le monde réel est un endroit très coûteux pour acquérir une formation de gestionnaire, s'était exclamé Seymour Schulich. Votre M.B.A. sera la meilleure façon, et la moins onéreuse, de réduire vos pertes lorsque vous commencerez à vous débattre dans le vrai monde. Plus vous êtes en mesure d'acquérir de connaissances et d'habiletés maintenant, plus il vous sera facile d'éviter de coûteuses erreurs à l'avenir. »

Générosité et vision

Seymour Schulich a aussi versé 50 M$ à d'autres établissements, et notamment au Centre de cardiologie Schulich de Sunnybrook, au Centre des sciences du Collège de santé des femmes de Toronto, ainsi qu'à l'Université du Nevada (États-Unis) pour une résidence universitaire et une salle de chimie. Son plus récent don à º£½ÇÉçÇø, souligne-t-il, l'a amené sur une nouvelle voie. « La plupart de mes actions antérieures touchaient des programmes pratiques et fondamentaux. » C'est une petite phrase que lui a soufflée le promoteur immobilier torontois Joe Sorbara, membre du conseil d'administration de l'Orchestre symphonique de Toronto, qui a décidé l'une des plus importantes contributions personnelles dans le domaine culturel au Canada : « La musique est ce qui nous rend humains. » Le nouvel édifice de 70 M$ de l'École de musique Schulich de l'Université º£½ÇÉçÇø, qui a ouvert ses portes le 30 septembre 2005, a également contribué à le convaincre. « Cet édifice représente un fabuleux bon en avant pour l'Université », affirme-t-il. M. Schulich croit que ce don à l'Université º£½ÇÉçÇø pourrait être le dernier fait par sa famille dans un avenir prévisible. « Nous ne saurions être plus heureux et fiers de finaliser ce don, conclut-il. La musique est un langage universel que comprend et qu'apprécie pratiquement toute la race humaine. »

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