Des chercheurs du DĂ©partement de psychiatrie de şŁ˝ÇÉçÇř font partie des initiateurs de la campagne provinciale destinĂ©e Ă sensibiliser les jeunes au temps passĂ© devant leur cellulaire et Ă leur rappeler tout ce qu’ils pourraient vivre et accomplir s’ils rĂ©duisaient leur temps d’écran.
Avec l’aide du gouvernement du Québec et de la société de communications Cogeco, la campagne PAUSE offre aux adolescents et aux jeunes adultes des activités et des idées pour faire autre chose que consulter leur cellulaire ou les médias sociaux. Le 21 novembre, la campagne lance le défi aux jeunes d’éteindre leur téléphone intelligent pendant 24 heures.
« La campagne s’inscrit dans le dĂ©bat qui perdure et qui fait de plus en plus consensus chez les chercheurs et les cliniciens quant aux effets dĂ©lĂ©tères des Ă©crans et des tĂ©lĂ©phones intelligents sur la vie quotidienne, explique Samuel Veissière, professeur adjoint au DĂ©partement de psychiatrie de l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř et cocrĂ©ateur du programme Culture, Mind and Brain (culture, esprit et cerveau) de şŁ˝ÇÉçÇř. La campagne cible en particulier les rĂ©percussions qu’ont ces appareils sur l’humeur, l’anxiĂ©tĂ©, la mĂ©moire, l’apprentissage, la qualitĂ© du sommeil et les relations sociales. »
Tisser des liens véritables
Les organisateurs de la campagne affirment ne pas être contre les téléphones intelligents et Internet de façon générale, mais ils souhaitent rappeler aux jeunes l’importance de maintenir un certain contrôle sur leur vie en ligne. À la base, le défi de 24 heures a été conçu comme une occasion pour les jeunes de constater qu’en réduisant le temps passé devant un écran, on arrive à mieux prendre soin de soi et à trouver une forme d’équilibre dans un monde hyperconnecté.
Selon le Pr Veissière, la communauté scientifique ne s’entend pas sur les mécanismes précis qui causent les effets indésirables des écrans sur le développement et la santé des enfants. En revanche, il estime que globalement, Internet a fait plus de mal que de bien, surtout avec la montée en popularité des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et TikTok.
« Les taux accrus de problèmes d’apprentissage et de motivation, d’épuisement professionnel, de troubles de santé mentale, d’anxiété, de problèmes liés à l’image corporelle et à l’identité, de solitude, de mésinformation, de polarisation et de conflits qui marquent notre époque sont tous, de près ou de loin, associés à l’augmentation du temps d’écran et à la diminution des interactions de qualité en personne et du temps de qualité passé seul », soutient le Pr Veissière.
Reprendre le contrĂ´le
Ultimement, le professeur mcgillois espère que la campagne PAUSE pourra susciter un mouvement en faveur d’une utilisation minimaliste et plus avertie des écrans.
« S’ils arrivent à reprendre le contrôle de leur téléphone intelligent, les gens peuvent améliorer plusieurs aspects de leur vie : meilleure autodiscipline, plus grande estime de soi, résultats scolaires améliorés, relations sociales plus enrichissantes, meilleur sommeil et plus grande satisfaction globale, affirme le Pr Veissière. J’espère qu’un jour, on mettra des mises en garde sur les ordinateurs et les téléphones intelligents semblables à celles qu’on trouve sur les produits contenant de l’alcool, du tabac et de la marijuana. »
Le Pr Veissière fait remarquer que de plus en plus de familles mettent en place des rituels par rapport aux écrans, à l’instar de certaines entreprises : pas d’écran à l’heure du souper, après 18 h, dans la chambre à coucher, ou la fin de semaine. Certains observent un « sabbat numérique », c’est-à -dire une journée entière chaque semaine sans aucun écran. Ces pratiques pourraient, selon lui, faire toute la différence.
« Le temps est venu de repenser complètement notre relation aux écrans et d’en réduire l’utilisation. Je félicite la campagne PAUSE de paver la voie vers un avenir meilleur et moins pressé », mentionne-t-il.
Le propose plusieurs articles et ressources prĂ©sentant les bienfaits associĂ©s Ă une rĂ©duction du temps passĂ© devant les Ă©crans, de mĂŞme qu’un conçu avec l’aide de chercheurs de şŁ˝ÇÉçÇř.