COVID-19 : Les mesures sanitaires ont eu des effets néfastes sur les nouvelles mères
Si joyeux soit-il, l’accouchement peut être source de stress même lorsque tout se passe bien. Alors, qu’en est-il lorsque la naissance survient pendant une crise sanitaire d’envergure planétaire? Des chercheurs de l’Université º£½ÇÉçÇø et de l’Université de Toronto se sont intéressés aux effets de certaines mesures de santé publique sur la santé mentale des femmes ayant accouché pendant la pandémie au Canada.
Publiée récemment dans , l’étude porte sur les répercussions des mesures mises en place rapidement dans le but de ralentir la transmission du SRAS‑CoV‑2, d’une part, et sur les soins considérés comme essentiels ou accessoires pendant l’accouchement et le postpartum, d’autre part.
Bien peu de soutien pour les nouvelles mères
Les chercheures ont étudié les conséquences des mesures sanitaires, à savoir l’intensification du stress, de l’anxiété, de la dépression et du désarroi chez les nouvelles mères.
« Nous savons, grâce à notre étude et à de vastes recherches par sondages réalisées en ligne antérieurement, que les mesures sanitaires ont isolé les nouveaux parents plus qu’ils le sont normalement et ont grandement compromis la santé mentale postpartum. Mais jusqu’à maintenant, personne ne s’était livré à un examen approfondi de la question. Notre étude montre quelles mesures, précisément, ont été lourdes à porter pour les personnes en attente d’un enfant et les nouveaux parents, et quels ont été leurs dommages collatéraux », explique Kathleen Rice, professeure adjointe au Département de médecine familiale de l’Université º£½ÇÉçÇø et coauteure de l’étude.
Les constats s’appuient sur 65 entrevues de fond réalisées avec des femmes de partout au Canada qui ont porté un enfant ou donné naissance pendant la pandémie. « Les mesures qui empêchaient les proches, par exemple le conjoint ou les parents, d’être présents à l’hôpital ou de venir aider les nouveaux parents à la maison tout de suite après l’accouchement ont été vraiment dommageables, surtout lors de l’arrivée d’un premier enfant, en présence de complications ou de problèmes de santé mentale antérieurs », indique la Pre Rice, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en anthropologie médicale des carrières en soins de santé primaires.
Le droit à la dignité
S’appuyant sur des données probantes, les chercheurs ont proposé des solutions pour remédier aux effets néfastes, bien que non intentionnels, des mesures sanitaires, notamment : permettre au conjoint, à un ami ou à un membre de la famille de rester auprès de la parturiente du début à la fin de son séjour à l’hôpital, et autoriser l’aide à la maison au début du postpartum ainsi que le soutien à l’allaitement offert en personne.
« Si le bien-être des personnes en attente d’un enfant et des nouveaux parents est important pour nous, comme société, nous devons nous soucier de leur santé mentale. Les parturientes et les nouveaux parents doivent être traités avec dignité – c’est d’ailleurs un droit qui leur est garanti au Canada; or, certains des sujets de notre étude ont été privés de ce droit », conclut Kathleen Rice.
Les chercheurs entendent maintenant s’adjoindre des collaborateurs pour examiner de plus près les conséquences de la situation dans certains groupes, notamment les partenaires des parturientes et les membres des minorités. Dans un article à venir, les chercheurs se pencheront sur d’autres conséquences de la pandémie, à savoir la médicalisation accrue de l’accouchement et le recours plus fréquent à certaines interventions, par exemple le déclenchement du travail, dans le but de régler le flot des patients dans les hôpitaux.
³¢â€™Ã©t³Ü»å±ð L’article « », par Kathleen Rice et Sarah Williams, a été publié dans CMAJ Open. ³¢â€™Ã©t³Ü»å±ð a été financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, par l’entremise du Programme de chaires de recherche du Canada, ainsi que par les fonds de recherche de l’Université º£½ÇÉçÇø. |
L’Université º£½ÇÉçÇø
Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université º£½ÇÉçÇø figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université º£½ÇÉçÇø exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université º£½ÇÉçÇø ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.