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Des placebos hallucinogènes?

L’effet placebo observé dans les études sur les drogues hallucinogènes pourrait être plus fort qu’on le pensait
±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 30 March 2020

Depuis peu, l’utilisation de drogues hallucinogènes en traitement de la dépression suscite un grand intérêt. Selon une nouvelle étude de l’Université º£½ÇÉçÇø, certaines personnes pourraient, dans une ambiance propice, ressentir des effets hallucinogènes en prenant uniquement un placebo. L’effet placebo (découlant de la prise d’un « faux médicament ») sur la conscience observé par les chercheurs est l’un des plus marqués de la littérature sur les drogues hallucinogènes. En effet, 61 % des participants ont déclaré avoir ressenti des effets après la prise du placebo.

« L’étude fait ressortir l’importance du contexte dans l’expérience psychédélique. Étant donné le retour récent des hallucinogènes pour le traitement de troubles comme la dépression et l’anxiété, les cliniciens pourraient exploiter les facteurs contextuels pour obtenir des résultats thérapeutiques similaires au moyen de doses plus faibles, ce qui augmenterait l’innocuité de ces substances », avance Jay Olson, doctorant au Département de psychiatrie de l’Université º£½ÇÉçÇø et auteur principal de l’article publié récemment dans la revue .

Pour se mettre dans l’ambiance…

Pensant prendre part à une étude sur l’influence des drogues sur la créativité, les 33 participants ont passé quatre heures ensemble dans une pièce où des toiles, des lumières de couleur et un DJ reproduisaient une ambiance de fête psychédélique. Pour rendre l’expérience crédible et masquer la supercherie, les chercheurs ont également mis en scène dix assistants de recherche en blouse blanche, des psychiatres et un agent de sécurité.

Les explications fournies étaient les suivantes : les sujets se verraient administrer une drogue similaire au principe actif des champignons hallucinogènes et allaient ressentir différents effets sur une période de quatre heures. En réalité, tous les participants ont reçu un placebo. Parmi eux se trouvaient plusieurs acteurs à qui on avait appris à simuler peu à peu les effets de la drogue. Les chercheurs espéraient ainsi convaincre les participants que tout le monde avait pris une drogue hallucinogène, ce qui, peut-être, favoriserait l’apparition d’effets placebo.

Des effets puissants pour un placebo

Sondés vers la fin de l’étude, la majorité des participants (61 %) ont déclaré avoir ressenti des effets. Ces derniers étaient considérablement variables d’un sujet à l’autre, allant de légères manifestations à des effets analogues à ceux d’une dose modérée ou forte d’une véritable drogue. Par exemple, plusieurs participants ont affirmé avoir vu les toiles accrochées au mur « bouger » et « changer de forme ». D’autres ont décrit une sensation de « lourdeur… comme si la gravité s’était accentuée », et une autre a dit avoir ressenti les effets en deux « vagues ». Plusieurs se sont dits certains d’avoir pris une drogue hallucinogène.

« Ces résultats expliqueraient en partie ce qu’on pourrait appeler « l’euphorie de contact », qui amène une personne à ressentir les effets d’une drogue simplement parce qu’elle est entourée de personnes qui l’ont consommée, souligne Samuel Veissière, anthropologue cognitiviste qui enseigne au Département de psychiatrie de l’Université º£½ÇÉçÇø et a supervisé l’étude. De façon plus générale, notre étude met en lumière l’effet "stimulant" du placebo, présent dans toute intervention médicale ou thérapeutique, de même que les influences sociales qui modulent ces effets d’amplification. Il est possible que les effets placebo aient été sous-évalués dans les études sur les drogues hallucinogènes. Par exemple, il pourrait y avoir une forte composante placebo dans la tendance actuelle au "microdosage" (consommation d’infimes quantités de drogues hallucinogènes pour l’amélioration de la créativité), les effets étant fortement attendus dans l’imaginaire collectif. »

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L’article « Tripping on nothing: placebo psychedelics and contextual factors », par Olson, J.A., Suissa-Rocheleau, L., Lifshitz, M., Raz, A. et Veissière, S.P.L., a été publié dans la revue Psychopharmacology : doi.org/10.1007/s00213-020-05464-5.

Cet article est disponible en format pendant un mois.

L’Université º£½ÇÉçÇø

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université º£½ÇÉçÇø figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université º£½ÇÉçÇø exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université º£½ÇÉçÇø ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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