L’Université º£½ÇÉçÇø veut rendre la dentisterie plus écoresponsable
En réponse aux inquiétudes causées par les changements climatiques, des chercheurs de l’Université º£½ÇÉçÇø tentent de rendre la visite chez le dentiste plus écoresponsable.
La Faculté de médecine dentaire et des sciences de la santé orale calcule l’empreinte carbone de toutes ses activités, y compris celles de ses cliniques ouvertes au public. Son objectif est de faire partie des premières facultés de médecine dentaire durables du monde.
« Je souhaite provoquer une réflexion mondiale, affirme Christophe Bedos, professeur titulaire à la Faculté et directeur du projet. En communiquant nos résultats, je veux convaincre le secteur de la dentisterie dans son ensemble de se fixer des cibles afin d’engendrer un changement réel et durable. »
Vers une transformation de l’expérience patient
Le projet consiste à mesurer les émissions de carbone générées par tous les aspects des soins dentaires, des gants en latex des dentistes aux déplacements des patients.
« Toutes nos activités génèrent du carbone, indique le Pr Bedos. En dentisterie, le transport est l’un des principaux coupables. Le déplacement des patients entre leur domicile et la clinique est responsable de près d’un tiers des émissions de carbone. »
Une fois l’évaluation terminée, un comité spécial recommandera des modifications aux politiques de la Faculté. On pourrait, par exemple, penser à instaurer des rendez-vous de suivi en ligne afin de réduire le nombre de déplacements.
« Après l’extraction d’une dent, le rendez-vous de suivi pourrait se faire par Zoom ou au téléphone plutôt qu’à la clinique », affirme Christophe Bedos.
D’autres facteurs sont aussi sous la loupe, comme la consommation d’eau et d’électricité, l’approvisionnement en matériel et le recours aux plastiques à usage unique.
Pour calculer ses émissions de carbone, la Faculté a fait appel à , organisme québécois à but non lucratif dont la spécialité est l’accompagnement des établissements de santé dans l’amélioration de leurs pratiques environnementales. Le Fonds des projets durables de l’Université º£½ÇÉçÇø finance le projet à hauteur de 54 500 dollars.
De la salle de classe à l’ensemble de la société
sur le projet de développement durable et les données à l’appui d’un besoin de changement dans le secteur de la dentisterie.
Se décrivant comme un éternel étudiant et non comme un « maître », Christophe Bedos a eu un déclic il y a trois ans, face à l’ampleur de l’urgence climatique.
« Je me suis demandé si je pouvais établir un lien entre mes recherches sur les inégalités sociales en dentisterie et la crise climatique, notamment pour décarboniser le système de soins dentaires canadien. Quand j’ai découvert que personne n’étudiait la question, je me suis dit que nous avions un sérieux problème », ajoute Christophe Bedos, qui est dentiste et détenteur d’un doctorat en santé publique.
Prenant conscience de cette lacune, il a fait de la décarbonisation l’une des priorités du , dont il est le codirecteur. Il a aussi créé un programme de formation en ligne qui fournit aux dentistes l’information et les outils nécessaires pour rendre leur clinique plus écoresponsable.
Appel à l’adoption d’une politique efficace de développement durable
Le Pr Bedos est d’avis que les Canadiens peuvent aussi contribuer à leur échelle, notamment en fermant le robinet quand ils se brossent les dents et en optant pour des brosses à dents biodégradables. Il insiste toutefois sur un point : un changement à grande échelle nécessite une volonté politique ferme.
« Les gouvernements et le secteur privé doivent agir en créant une infrastructure et des règlements qui favoriseront le développement durable », soutient-il.
En signant l’accord de Paris, le Canada s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Selon Christophe Bedos, le projet de développement durable de l’Université º£½ÇÉçÇø pourrait contribuer à l’atteinte de cet objectif en jetant les bases de l’adoption de pratiques écoresponsables par la Faculté, voire par l’ensemble du secteur.
« Il ne s’agit pas seulement de trouver des solutions immédiates. Nous devons penser aux sept prochaines générations et réfléchir au monde que nous souhaitons leur laisser. »