De nos jours, la recherche scientifique génère des quantités astronomiques de données. Comment pouvons-nous les diffuser plus efficacement afin que tous puissent en tirer parti? Afin de répondre à cette question, plus de 250 délégués œuvrant dans une multitude de disciplines prendront part à une conférence qui se tiendra à Montréal du 10 au 12 octobre 2018.
Au cours de cette conférence appelée FORCE2018 (pour Future of Research Communication and E‑Scholarship), les discussions porteront sur les moyens de favoriser le partage du savoir, de diffuser les résultats de la recherche au moyen de technologies de pointe et d’accroître la portée de ces derniers.
Cette conférence est organisée par FORCE11, un regroupement d’universitaires, d’archivistes, de bibliothécaires, d’éditeurs et de bailleurs de fonds qui a vu le jour en 2011 dans le cadre de réunions à San Diego, en Californie, et à Dagstuhl, en Allemagne. Au départ, le groupe souhaitait préparer une déclaration de principes afin de faciliter la diffusion des résultats de la recherche grâce à d’autres outils que le classique fichierPDF, notamment la technologie d’Internet et les supports numériques.
FORCE11 a ensuite organisé des conférences à Amsterdam, à Oxford (2015), à Portland (2016) et à Berlin (2017). L’envergure de la conférence de Montréal témoigne de l’importance accordée aux objectifs de ce groupe par un nombre sans cesse croissant de communicateurs.
«Nous tous, au sein de la communauté scientifique, attachons beaucoup d’importance au mode de diffusion de nos données, qui influe considérablement sur la nature de nos travaux et la façon dont nous les réalisons. C’est pourquoi les scientifiques doivent absolument réfléchir au type d’information qu’ils veulent publier et à la façon dont ils doivent le faire», affirme Jean‑Baptiste Poline, membre du comité local d’organisation de FORCE11 et chercheur principal à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal (Le Neuro), l’un des commanditaires de la conférence, et au .
FORCE11 vise deux objectifs. Il souhaite d’abord moderniser le mode de publication des écrits scientifiques. Si les membres de FORCE11 considèrent que la publication dans des revues scientifiques papier avec comité d’examen par les pairs a toujours sa raison d’être, ils estiment néanmoins que les contraintes de la version imprimée nuisent à une diffusion large et pleinement efficace des données. FORCE11 croit fermement au potentiel des réseaux de technologie numérique capables de stocker des données– déroulement des travaux, statistiques et commentaires– et de les diffuser instantanément partout dans le monde.
Le groupe FORCE11 souhaite également trouver de nouveaux modes d’évaluation de la portée des données scientifiques. L’ancienne façon de faire, qui consiste à déterminer le nombre de fois où un article est cité, peut se révéler trompeuse. Il faut recourir à de nouvelles technologies pour mesurer les retombées globales des travaux de recherche réalisés dans une multitude de disciplines scientifiques.
«De nos jours, le marketing (de la recherche) repose largement sur les revues scientifiques–notamment un compte rendu ou un topo susceptible de susciter d’autres citations», affirme Naser Muja, Ph.D., directeur exécutif de au Neuro. «Mais nous n’arrivons pas toujours à mobiliser l’ensemble du milieu scientifique ou de nouveaux acteurs, comme les gens d’affaires, les gestionnaires d’entreprises en démarrage et les entrepreneurs. La diversification des activités de communication et une plus grande visibilité contribuent à la diffusion à plus grande échelle de l’information scientifique, à l’instar des cercles concentriques créés par un caillou jeté à l’eau.»
La conférence FORCE2018 accordera une large place à la science ouverte, concept adopté en 2016 par le Neuro dans le cadre d’une politique institutionnelle. Les chercheurs qui adhèrent aux principes de la science ouverte acceptent de renoncer à présenter des demandes de brevets pour leurs découvertes et de diffuser librement leurs données afin qu’elles soient accessibles à tous les chercheurs dans le monde. Le Neuro a créé la plateforme de publication Recherche ouverte INM, qui permet l’utilisation rapide et facile des données, des découvertes et des méthodes de ses chercheurs par d’autres scientifiques dont les travaux visent à percer les mystères des maladies neurologiques.
«Les scientifiques qui œuvrent dans les domaines des mathématiques, de l’astronomie, de l’informatique et du partage de codes ont largement adopté les principes de la science ouverte», observe Muja. «La mise en commun de données d’études menées chez des humains, en revanche, peut poser des contraintes éthiques et juridiques. Les chercheurs en neurosciences et en psychiatrie sont de plus en plus nombreux à souscrire à ces principes.»
Pour que la science ouverte gagne ses lettres de noblesse, les chercheurs de tous les pays devront avoir accès aux données, et celles-ci devront être compréhensibles. Le Centre Ludmer, qui souscrit sans réserve aux principes de la science ouverte, a été désigné comme établissement voué à la collecte et au stockage de données au Neuro.
La science ouverte compte de nombreux partisans au sein de FORCE11. Spécialiste de renommée mondiale dans le domaine de la science ouverte, le Pr Poline souligne que tous les membres mcgillois du comité local d’organisation de la conférence, qu’il préside, sont d’ardents défenseurs de la science ouverte.
«Pour FORCE11, la science ouverte n’est pas tout, mais elle occupe quand même une large place.»
La conférence FORCE2018 se tiendra les 11 et 12 octobre 2018, au Centre de conférences de la Nouvelle résidence de l’Université º£½ÇÉçÇø. L’atelier précédant la conférence aura lieu le 10 octobre 2018, à la Bibliothèque Webster de l’Université Concordia.
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