海角社区

La part critique de l'oeuvre de Richard Millet d茅voile une grande 茅rudition litt茅raire en plus de faire appara卯tre que le premier combat de l'茅crivain consiste 脿 d茅fendre ce qu'il nomme son 芦 sentiment de la langue 禄. Aussi sa r茅flexion s'茅carte-t-elle souvent du roman 脿 proprement parler, genre qu'il pratique tout en s'en m茅fiant en raison de son caract猫re 芦 h茅g茅monique, inflationniste, un instrument de promotion sociale 禄 (Millet, p. 39). La liste d'茅crivains auxquels ils se r茅f猫rent montre d'ailleurs que sa pens茅e puise 脿 de multiples sources, des auteurs catholiques (Marcel Jouhandeau, Julien Green, Gerard Manley Hopkins, Paul Claudel) 脿 ceux de la 芦 d茅solation 禄 et de l'ironie (Jorge Luis Borges, Vladimir Nabokov, Witold Gombrowicz, Franz Kafka, Louis-Ren茅 des For锚ts, Hermann Melville, Hugo von Hofmannsthal) en passant par les ma卯tres de la phrase (Bossuet, Chateaubriand, Marcel Proust, Michel Leiris, Claude Simon), sans oublier Saint-John Perse et Maurice Blanchot. Entour茅 par ces nombreuses figures, Millet exprime sa profonde solitude dans le monde litt茅raire contemporain, allant jusqu'脿 se proclamer, non sans chercher 脿 provoquer,听Le dernier 茅crivain.

Selon Millet, le roman, mais aussi bien l'oeuvre litt茅raire, doit d'abord et avant tout r茅pondre 脿 un besoin spirituel, ce dont les textes de Blanchot l'ont notamment convaincu. Faire une oeuvre, tout comme apprendre 脿 conna卯tre celles des autres, c'est vivre une aventure int茅rieure. Le choix de la v茅rit茅 plut么t que de l'originalit茅 comme moteur de l'茅criture semble de ce point de vue logique, car en vertu de sa mission, le romancier doit r茅v茅ler ce que l'obsc茅nit茅 du monde, son tissu de mensonges, maintient dans le secret. T芒che que le romancier se doit d'accomplir 脿 distance de tout romantisme, de toute pr茅tention 脿 l'invention de formes qui est 芦 un fantasme moderniste, ou un souci oulipien. 禄 (Millet, p. 70) 脌 la lumi猫re de son engagement 脿 rendre 茅loquente la r茅alit茅, Millet rapproche sa pratique de romancier de la symphonie musicale. L'analogie met en lumi猫re son go没t pour la grandeur, pour le r茅cit vaste et d茅ploy茅, conjuguant plusieurs voix et divers mouvements dans le but d'orchestrer les diff茅rentes tangentes qu'implique le r茅cit. Il demeure toutefois pour lui que tout roman origine 芦 des mots, d'un rythme, d'une image s茅minale, d'une phrase qui le hante longtemps 禄 (Millet, p. 43), ce qui rappelle combien son oeuvre tient d'abord 脿 un rapport opini芒tre 脿 langue, 脿 la forme, et moins 脿 l'茅laboration d'une intrigue narrative.

Ouvrage cit茅 :

• Richard Millet,听Harc猫lement litt茅raire, entretiens avec Delphine Descaves et Thierry Cecille, Paris, Gallimard, 2005.

Cette bibliographie, non exhaustive pour l'instant, rassemble des essais ainsi qu'un recueil d'entretiens o霉 Richard Millet expose, entre autres, son rapport 脿 la litt茅rature, 脿 la langue, au statut d'茅crivain et au genre romanesque.聽 Les citations transcrites ne traitent donc pas toujours explicitement du roman, or elles aident toutes 脿 saisir la pens茅e de cet 茅crivain qui ne peut se r茅soudre 脿 r茅fl茅chir la litt茅rature du seul point de vue des genres.

Entretien :

Harc猫lement litt茅raire, Entretiens avec Delphine Descaves et Thierry Cecille, Paris, Gallimard, 2005.

Essais :

Accompagnement, Paris, P.O.L., 1991.

Le dernier 茅crivain, Montpellier, Fata Morgana, 2007.

Le sentiment de la langue, Paris, La Table ronde, coll. 芦 La petite vermillon 禄, 2003.

Le sentiment de la langue, Paris, La Table ronde, coll. 芦 La petite vermillon 禄, 2003.

Place des pens茅es. Sur Maurice Blanchot, Paris, Gallimard, 2007.

L'enfer du roman. R茅flexions sur la postlitt茅rature, Paris, Gallimard, 2010.

芦 Pour parler du roman, je me sens plus seul que jamais, loin de tout ce qui se dit et se fait, ne dialoguant plus, si j'ose dire qu'avec les h茅ros qui m'ont aid茅 脿 锚tre ce que je suis et que je ne cesse de relire. [鈥�] J'ai en outre la mauvaise habitude de me r茅f茅rer volontiers 脿 des domaines romanesques, 脿 d'autres arts, d'autres types de constructions qui nourrissent mon travail, notamment la musique, la musique contemporaine, la musique symphonique, la symphonie 茅tant le genre musical qui se rapproche le plus du roman tel que je l'aime, tel que je le pratique [鈥�] 禄. (p. 31-32)

芦 Le formatage du roman suppose sa r茅duction 脿 une intrigue. Il y aurait peut-锚tre une sorte de glissement du roman vers ce sous-genre qu'est le roman policier dans lequel il y a quelque fois plus d'ambition quant 脿 la construction que dans le petit roman purement litt茅raire. 禄 (p. 42)

芦 Dans le roman tel que je l'aime, tel que je le pratique, la forme na卯t des mots, d'un rythme, d'une image s茅minale, d'une phrase qui me hante longtemps et qui est la cl茅 secr猫te d'un roman. 禄 (p. 43)

芦 Le mode d'锚tre du roman, c'est la crise, chaque romancier se devant d'inventer sinon le roman, du moins quelque chose dans l'ordre du romanesque. Nous ne sommes pas n茅s de la derni猫re pluie. Nous venons 补辫谤猫蝉 Proust, 补辫谤猫蝉 Kafka, 补辫谤猫蝉 Joyce, 补辫谤猫蝉 Borges, 补辫谤猫蝉 le Nouveau Roman. Nous ne faisons pas pour autant de la copie, ne cherchons pas 脿 perp茅tuer des sch猫mes romanesques 茅cul茅s, m锚me en flirtant avec eux, ni 脿 nous laisser aller 脿 cette d茅perdition qui a lieu lorsque l'on fait une copie, et qui est 脿 la base de toute entreprise de falsification. 禄 (p. 44-45)

芦 Rendre compte du r茅el, oui, sans 锚tre sociologique. Rappelons-nous comment la sociologie, en tant que mauvaise conscience de gauche, hante le roman... 禄 (p. 48-49)

芦 L'invention d'une forme est un fantasme moderniste, ou un souci oulipien. Pour moi, la forme est invent茅e par le rythme de la langue. 禄 (p. 70)

芦 Nous sommes depuis longtemps sortis de l'innocence 茅pique; nous sommes obs茅d茅s par l'essai dans le roman, autant que par ce qui est aujourd'hui impossible narrativement; et la dimension romanesque de l'essai, comme chez Borges, Citati, Calasso, nous s茅duit infiniment. 脡crire un roman, aujourd'hui, c'est vivre d'une innocence perdue, et r茅fl茅chir sans cesse 脿 la forme, de fa莽on sans doute d茅sesp茅r茅e : tout se joue, pardonnez-moi de me r茅p茅ter, dans la fa莽on d'茅viter les pi猫ges de la narration 脿 la troisi猫me personne du singulier et du narrateur omniscient. C'est peut-锚tre pourquoi je ne suis pas un grand lecteur de ces Viennois-l脿 [Broch, Musil], ni de Kundera, chez qui je ne sens pas de style, ou alors une 茅criture qui met l'efficacit茅 narrative au service d'une d茅monstration. 禄 (p. 70)

芦 Le roman-essai est moins un genre qu'une tentation permanente : voyez Rabelais, Sterne, Balzac [...] je me demande s'il n'y a pas une lutte entre le narratif et l'essai, 脿 l'int茅rieur du roman, qui emp锚cherait l'ach猫vement du roman-essai. Est-ce qu'il n'y aurait pas l脿, aussi, une volont茅, un fantasme totalisant qui trouverait ses limites, tout en restant tr猫s litt茅raire et f茅cond ? 禄 (p. 71-72)

芦 Tout roman n'a-t-il pas pour ambition d'锚tre global dans sa volont茅 d'茅puiser son objet ? Le roman a tendance 脿 se r茅fl茅chir lui-m锚me, d'o霉 l'importance pour moi du choeur, qui suscite une sorte de dialogue narratif sans rapport avec la dimension 茅v茅nementielle. On assiste l脿 脿 une redistribution du savoir 脿 l'int茅rieur du roman, redistribution 茅clat茅e, mouvante, pleine d'incertitudes, qui est peut-锚tre plus l茅g猫re, [...] plus subtile que la r茅partition entre narration et essai telle qu'on la trouve chez Kundera, m锚me si lui le fait de fa莽on habile et plaisante. 禄 (p. 73)

芦 Le temps n'est pas lin茅aire, c'est une boucle perp茅tuelle, un syst猫me de leitmotive; et ce qui m'int茅resse dans ces motifs r茅currents, c'est ce qui dans la r茅p茅tition se perd ou se recr茅e, s'enchev锚tre, se noue de fa莽on parfois inextricable. Cette d茅perdition, cette recr茅ation, cet inextricable dont les voix narratives et la multiplication des points de vue sont porteurs me semblent une des conqu锚tes du roman moderne, en tout cas une des choses sur lesquelles j'aimerais travailler. 禄 (p. 82)

芦 Quand je parle d'un jeu avec les formes traditionnelles du roman, je pense plut么t au r茅cit, disons le r茅cit gidien tel qu'il a 茅t茅 h茅rit茅 de la tradition psychologique. Ce type de r茅cit est toujours actif, me semble-t-il; il est m锚me le lieu d'exp茅riences narratives souvent plus convaincantes que le roman proprement dit : c'est la lign茅e qui va d'Eug茅nie de Franval聽脿 Bataille, du Dosto茂evski du聽Sous-sol聽脿 Des For锚ts, de聽Bartleby聽脿 Blanchot... Je jouais avec ce type de r茅cit; c'茅tait, pour moi, une fa莽on de m'inscrire dans une lign茅e sans m'y enfermer; c'茅tait aussi jouer avec l'autobiographie masqu茅e. 禄 (p. 98)

芦 Un personnage de roman nous force, s'il a trouv茅 sa coh茅rence, 脿 le consid茅rer comme un 锚tre sinon vivant, du moins logique et myst茅rieux 脿 la fois, avec lequel on vit, dans cette v茅rit茅 ambigu毛 qui est le mode d'锚tre de la litt茅rature. 禄 (p. 118)

芦 Je me m茅fie de la po茅sie ailleurs que dans la prose. La France, d'ailleurs, depuis Du Bouchet, ne compte pour ainsi dire plus de ces grands plieurs de langue qu'on appelle des po猫tes et qu'il faut sans doute aujourd'hui chercher chez les prosateurs, les essayistes, les philosophes, de la m锚me fa莽on que deux des plus grands romanciers du vingti猫me si猫cle ont 茅t茅 Claudel et Saint-John Perse. 禄 (p. 23)

芦 Jamais je n'ai 茅crit sans l'opini芒tre et exigeante conscience que j'ai de ma langue et que j'ai appel茅e ailleurs聽sentiment de la langue. Une conscience qui est sans doute ma seule 茅thique imm茅diate : l'茅criture comme accomplissement moral, d茅ploiement de l'histoire de la langue tout enti猫re, y compris dans ces grandes 鈥渋rr茅gularit茅 de langage鈥� qui portent au plus haut la contradiction entre la tradition, l'histoire des formes, et ce qui les condamne, les pervertit, les 茅puise en un formidable appel de sens qui est le mode d'existence de la litt茅rature [鈥�] 禄. (p. 29)

芦 Nous venons聽补辫谤猫蝉聽(补辫谤猫蝉 Borges, Blanchot, des For锚ts). Nos livres nous fa莽onnent bien plus que nous ne les fa莽onnons. Nous cherchons obstin茅ment une langue o霉 mourir 鈥� quelques mots, pages, 茅crits qui nous s茅parent encore de notre mort. Toutes nos heures 脿 cela sont vou茅es : nous passons un tiers de notre vie 脿 reposer, un autre 脿 茅crire et le dernier 脿 nous plaindre de ce que nous ne savons pas ne pas 茅crire. Comme tout le monde, d'ailleurs, nous ne faisons rien d'autre que de laisser plus ou moins de bruyant silence entre la mort et nous. 禄 (p. 23)

芦 Dans l'amour de la langue il n'est d'autre progr猫s que celui de cette maladie qui met 脿 nu le langage. Et pourtant, au plus fort de la crise, je revendique hautement le chant des subjonctifs, la respiration douce du point-virgule, la modulation des subordonn茅es. Qui b芒tit encore, aujourd'hui, des phrases, 补辫谤猫蝉 Leiris ou Claude Simon ? Qui ressourcera le langage au rare, 脿 l'ancien, aux sens recul茅s, 补辫谤猫蝉 Claudel et Saint-John Perse. 禄 (p. 30-31)

芦 J'茅cris pour essayer d'entendre聽la langue fran莽aise : c'est une t芒che sans fin, presque d茅sesp茅r茅e. Il arrive que des 茅crivains de langue fran莽aise, venus d'ailleurs, me la fassent entendre un peu par un jeu subtil de diff茅rences. Je ne crois pourtant pas 脿 une pluralit茅 de langues fran莽aises mais 脿 maints particularismes venant nourrir (parfois sauvagement et heureusement) un tronc commun, un fleuve d茅rob茅 aux sabirs et aux acad茅mismes, au d茅sespoir comme 脿 l'opportunisme. 禄 (p. 39)

芦 Le sentiment de l'imposture n'a d'茅gal que celui de la langue, qui en serait l'茅preuve positive. 禄 (p. 77)

芦 Nous sommes trop souvent hors du monde. 脡crire, c'est, d猫s lors, essayer d'茅tablir d'improbables co茂ncidences avec la vie, ou r茅duire l'茅cart qui nous en s茅pare. Notre d茅sespoir garde quelque complaisance : na savions-nous pas d'embl茅e que nous nous trouverions sur l'autre rive et que nous serions vou茅s 脿 regarder autrui s'茅loigner avec un sourire d'ange ? Et si l'茅crivain n'avait d'orphique que la situation d'Eurydice ? 禄 (p. 81)

芦 Dans la solitude de l'茅crivain 鈥� et sans revendiquer pour moi-m锚me une distinction inopportune 鈥�, nul ne me para卯t plus seul que le romancier 鈥� surtout par rapport aux nombreuses sectes, groupes, bancs poissonneux de po猫tes. Ce qui m'irrite chez maints po猫tes contemporains, c'est leur incapacit茅 脿 n'锚tre rien d'autre que "po猫tes", ne consommant que les 茅crits de leurs semblables, pour qui ils 茅crivent, en une sorte de frileuse autarcie, tout en ignorant, superbement, comme li茅s au po猫me par un voeu de chastet茅, le romanesque. 禄 (p. 85)

芦 脡crire ce n'est pas entrer dans le temps de la mort, mais accepter que l'individu en devienne la m茅taphore vive, fr锚le, interminable comme une 补辫谤猫蝉-midi sans vent. 禄 (p. 92)

芦 Nous n'avons d'autre pr茅sent que ce pass茅 vers quoi nous ne cessons de nous retourner pour nous assurer, tels des maniaques, qu'il n'est que le lointain horizon d'un futur improbable. 禄 (p. 94)

芦 脌 ces livres [Faux pas,听La part du feux,听Le livre 脿 venir] je dois, 茅galement, la forme (une absence de forme d茅clar茅e qui n'est r茅ductible 脿 aucun genre 鈥� y compris le fragmentaire m锚me), d'avoir surmont茅 dans certains de mes livres mon horreur du dissertatif et des lourdeurs de l'essai, et aussi d'avoir pu me trouver non pas quelque assurance mais de quoi combattre cette terrible impression d'impouvoir qui s'empare de moi d猫s lors qu'il s'agit de r茅fl茅chir sur la litt茅rature non pas d'une fa莽on g茅n茅rale (le g茅n茅ral appartenant 脿 la rh茅torique de persuasion), mais 脿 ce qu'est la litt茅rature pour moi, sujet fr茅missant et t茅moin solitaire de l'effondrement de la litt茅rature dans la n茅gation de ses propres valeurs. 禄 (p. 30-31)

芦 Nous sommes plut么t, 茅crivains venus 补辫谤猫蝉 tant d'autres et de si nombreux d茅sastres, des enfants de Bartleby, de lord Chandos, du聽Bavard聽: des fils impossibles, et des p猫res incertains, autant dire rien, et qui pourtant 茅crivent dans le mouvement de d茅solation qui est peut-锚tre murmure d'une parole originelle et inaudible qu'on appelle litt茅rature et qui nous porte vers l'absence de fin, laquelle se d茅robe 脿 nous tout en faisant surgir les conditions de l'apparition d'autrui, visage et parole l'un avec l'autre 茅chang茅s de sorte que le fruit de la transaction rel猫ve moins du songe ou du d茅sir que d'une imm茅diatet茅 bouleversante ayant valeur de loi. Et ce n'est pas une des moindres questions que j'ai pos茅e 脿 la litt茅rature que de savoir en quoi l'茅criture et autrui s'excluaient sans doute l'un l'autre, 茅crire marquant la d茅faite de l'amour et l'amour r茅duisant l'茅criture 脿 un bruissement sur quoi le vivant 茅tablit son triomphe. 禄 (p. 43)

芦 Je ne fais pourtant pas de la solitude une valeur supr锚me : la mienne est, comme pour tout homme, souvent plus subie que consentie, et les circonstances qui m'y ont conduit ne rel猫vent pas tout 脿 fait de l'itin茅raire de Blanchot; elle est cependant voulue et tenue, parce que plus que jamais n茅cessaire, et bien s没r scandaleuse : une solitude d茅pourvue d'amiti茅s, non communautaire [...], qui a lieu dans le lointain, l'a-socialit茅, une forme de marginalit茅, le scandale 脿 quoi me condamne le Spectacle (le Festif, le Bien, la Marchandise, la D茅mocratie se retournant contre elle-m锚me) et qu'il me faut penser comme scandale positif et non opprobre, afin de continuer 脿 ne pas d茅vier de cette aventure int茅rieure qu'est l'茅criture; si bien que, par retournement historique (bien plus que par ce qu'on avait coutume d'appeler une ironie de l'Histoire), 茅crire c'est affronter cette question : comment 锚tre seul ? Comment vivre aujourd'hui, une telle solitude qui suppose (comme pour Montaigne, Nietzsche ou Blanchot) l'茅clat matinal du retrait, 补辫谤猫蝉 un aventureux usage du monde ? 禄 (p. 52-54)

芦 Un 茅crivain qui ne me parlerait ni de la mort, ni de la maladie, ni de la fatigue, ne saurait m'int茅resser. Je laisse aux mis茅rables romanciers contemporains les "probl猫mes d'aujourd'hui", c'est-脿-dire la contribution 脿 la perte du sens et 脿 l'ent茅n猫brement du monde, et aux sociologues en mal de romanesque politique le soin d'ent茅riner l'extraordinaire mensonge qui fonde les soci茅t茅s modernes. Voil脿 le vrai nihilisme, lequel n'est pas la mort. La mort est ce qui me d茅finit comme immortel tout en me faisant mourir, comme tout un chacun, suis-je tent茅 d'ajouter, mais bien plus que quiconque, et depuis toujours, me dis-je encore, avec l'orgueil de ceux qui souffrent et cherchent dans cet orgueil non les ressources de la vanit茅 [...], mais de quoi s'茅carter pour poursuivre une exp茅rience qui se confond avec le fait m锚me de vivre, et qui me fait continuer 脿 vouloir regarder la mort en face, comme autrement le soleil au coeur de nuits terrifi茅es, lors de cette chute dans le temps qu'est la fin de l'enfance, alors que l'茅criture (le souci d'茅crire, 脿 tout le moins) m'emp锚chait de sombrer tout 脿 fait, de devenir fou, pour parler comme Bataille. 禄 (p. 69-70)

芦 鈥淚l y a en effet un rapport obscur mais ind茅niable entre le d茅r猫glement climatique et celui des langues 鈥� comme entre la surpopulation et cette fonte des glaces romanesques que j'appelle postlitt茅rature, ou encore le corps mort du roman, fard茅, appr锚t茅 pour le salon fun茅raire du divertissement : une momie qu'on m猫nerait 脿 un bal d茅sormais sans ma卯tre de c茅r茅monie, et dansant la derni猫re valse en des costumes taill茅s selon les nouvelles normes 茅thico-juridiques.鈥� 禄 (f. 2, p. 15-16)

芦 La langue est aussi le lieu de la r茅pudiation de toute spiritualit茅 et du refus de cet h茅ritage qu'on nomme litt茅rature, au nom de l'affirmation de soi. L'ignorance de la langue en tant que gage d'authenticit茅 : voil脿 un 茅l茅ment de l'esth茅tique postlitt茅raire. 禄 (f. 3, p. 16-17)

芦 L'obsc猫ne accroissement de la production romanesque comme effet de la permissivit茅 morale : jusque-l脿 le roman avait pour principe de faire oublier la personne m锚me de l'auteur ; dans la postlitt茅rature, c'est le roman que fait oublier la libert茅 (ou le fantasme) de tout dire, ce qui ne peut avoir lieu sans la聽惫颈蝉颈产颈濒颈迟茅聽de l'auteur, lequel lui donne l'allure d'un d茅risoire service 补辫谤猫蝉-vente qui le place sous l'茅gide de leur saint patron : 鈥渓'illustre Gaudissart鈥�. 禄 (f. 11, p. 19-20)

芦 Quel Cervant猫s prendre 脿 bras-le-corps la production romanesque contemporaine pour lui signifier son rang de 鈥渧ieillerie po茅tique鈥�, et faire rendre 脿 la langue cette indigeste soupe dix-neuvi茅miste ? Ce Cervant猫s-l脿 est-il d茅j脿 pr茅vu, y compris comme instance absente et d茅j脿 discr茅dit茅e, dans le programme de r茅visionnisme litt茅raire que la globalisation culturelle met en place au nom de droits de l'homme. 禄 (f. 18, p. 23)

芦 Quelque chose de trop romanesque 茅tait d茅j脿 insupportable 脿 Rabelais, Cervant猫s, 脿 Sterne, comme il le sera 脿 Flaubert, 脿 Proust, 脿 Joyce, 脿 Claude Simon, 脿 Thomas Bernhard : in茅vitable tradition antiromanesque comme seule voie d'actualisation du roman, ou bien signe que le roman porte en lui sa maladie, sa propre mort ? 禄 (f. 24, p. 26)

芦 Ne peut-on d猫s lors pas penser que le roman est d茅sormais, loin de ce que nagu猫re, et r茅guli猫rement, on appelait, de fa莽on rassurante, la 鈥渃rise du roman鈥�, ce qui doit s'inscrire hors genre 鈥� dans le dehors de tout genre, retrouvant dans cette ext茅riorit茅 les conditions de sa v茅rit茅 ? 禄 (f. 27, p. 28)

芦 Assigner au roman, comme le font les Anglo-Saxons et leurs imitateurs internationaux, une fonction purement narrative au d茅triment du style ou de l'introspection, n'est-ce pas entrer dans la m锚me logique que le lib茅ralisme 茅conomique, soit la primaut茅 de l'茅change commercial sur toute autre forme de rapports humains ? Je me rappelle une conversation avec A.S. Byatt o霉 l'auteur de聽Possession聽[鈥�] me disait le peu d'estime qu'elle a pour la question du style, affaire somme toute si fran莽aise que j'茅tais d猫s lors renvoy茅 脿 ma singularit茅 scripturaire et nationale, c'est-脿-dire 脿 l'inaubilit茅 de la litt茅rature fran莽aise dans le concert des langues. [鈥�] Conception si na茂ve [鈥�] qu'on est en droit de se demander si ce n'est pas l脿 un des mots d'ordre de la postlitt茅rature : la mort du style comme condition de l'茅criture, ce qui nous fait passer du domaine esth茅tique 脿 une esp猫ce d'ontologie d茅mocratique o霉 l'on serait 茅crivain de fait 鈥� sinon de droit. 禄 (f. 47, p. 39-40)

芦 Litt茅rature et 茅thique : le lien existe surtout pour masquer, voire refuser, la dimension essentiellement profanatrice de l'茅criture. 禄 (f. 53, p. 43)

芦 L'impossibilit茅 de trouver dans le roman contemporain un personnage type qui ne soit pas seulement un 鈥渁nti-h茅ros鈥� mais qui devienne repr茅sentatif, exemplaire, cette impossibilit茅 rel猫ve-t-elle de la 鈥渕ort de l'Homme鈥� ou bien de l'impouvoir, de la faillite du roman, qui a fait d茅choir le personnage de son rang au profit de l'anonymat ou de l'interchangeabilit茅 des hommes ? Faut-il voir dans le roman postlitt茅raire le lieu d'une indiff茅renciation comme聽solution finale聽de l'humanisme ? 禄 (f. 56, p. 44-45)

芦 La fadeur syntaxique, notamment romanesque, qui s'est install茅e sur les ruines de l'ancienne rh茅torique, entre les deux guerres mondiales, ne signale pas tant l'impossibilit茅 de perp茅tuer l'imm茅morial accord entre l'homme et la langue comme fait de civilisation que la faillite de l'茅ducation, un d茅faut de transmission vite devenu refus d'un h茅ritage d茅sormais si lourd qu'il confine au sacr茅 ; et maintenir la phrase fran莽aise sur le lieu m锚me de sa ruine est une t芒che aussi vaine qu'h茅ro茂que, donc n茅cessaire : le refus de la fadeur comme r茅affirmation du go没t. 禄 (f. 71, p. 53-54)

芦 Le deux ennemis du roman, le cin茅ma et la sociologie, sont en r茅alit茅 ses complices, pour ne pas dire son accomplissement (son surmoi). Il en est un troisi猫me : l'ind茅fectible confiance en son h茅g茅monie postlitt茅raire qui, pour se perp茅tuer, n'a plus besoin de surveiller ses confins (l'id茅e m锚me de fronti猫re n'ayant plus cours), mais de se survivre comme id茅e gr芒ce 脿 une production dont la valeur n'a plus nulle importance. 禄 (f. 77, p. 56)

芦 Ce qu'on appelle universellement litt茅rature, aujourd'hui, n'est que la pr茅pond茅rance glossolalique du roman tel que le XIXe si猫cle l'a fix茅 et qui se perp茅tue sous divers grimages, dont ceux d'une postmodernit茅 qui se r锚ve post-postmoderne. D'une certaine fa莽on, la litt茅rature n'est donc plus que ce qui se d茅robe 脿 l'h茅g茅monie romanesque, laquelle a sinon dig茅r茅, pour les annihiler, du moins int茅gr茅 les autres genres au syst猫me par lequel elle pr茅serve son h茅g茅monie, par quoi tout ce qui est faux se donne pour vrai, le vrai m锚me n'茅tant qu'une ruse du Diable. 禄 (f. 83, p. 59)

芦 La modernit茅 a suscit茅 des personnages paradigmatiques, d茅pourvus d'identit茅 sociale ou psychologique, et qui rejoignent les types classiques dans la n茅gativit茅 d'un contrepoint o霉 ils nous donnent les derni猫res nouvelles de l' 鈥渉omme鈥� : Bartleby, Joseph K., Meursault, Molloy et tous les narrateurs sans nom : l'homme du souterrain dosto茂evskien, celui de聽Paludes, le聽Bavard聽de Des For锚ts, ceux d'Henri Thomas, et qui n'ont rien 脿 voir, dan leur exemplarit茅 tragique (une exemplarit茅 sans 茅clat, anonyme, vidant tout symbole de son prestige), avec les fant么mes d'humano茂des, les jeux de r么les et les clones peuplant les romans postlitt茅raires, dont la principale caract茅ristique est qu'ils sont inexistant 鈥� l'inexistence 茅tant la condition sous-humaine du personnage lorsque la litt茅rature se voue elle-m锚me au nihilisme par l'innombrable et l'indiff茅renci茅. 禄 (f. 93, p. 63-64)

芦 Au fond, nous devrions nous r茅jouir que le cin茅ma nous d茅barrasse du roman, rendant la litt茅rature 脿 elle-m锚me, c'est-脿-dire au silence des langues. Or, il ne nous en d茅barrasse pas : l'ennui reste tapi dans les replis du temps comme mauvaise conscience, et le roman est hant茅 par le cin茅ma au point de se r茅duire 脿 un sc茅nario. Le roman postlitt茅raire n'est que du sc茅nario potentiel : un passe-temps d茅grad茅, qui cherche son salut par la nostalgie dans l'art qui l'a d茅tr么n茅. 禄 (f. 103, p. 68)

芦 Ce que j'appelle 茅criture est une 茅paisseur rythm茅e qui entretient avec le langage courant, communautaire, des rapports si contradictoires qu'elle en devient intenable. Le style serait, pour moi, la version rapide de l'茅criture, ce qui n'a rien 脿 voir avec l'茅l茅gance pleine de morgue qu'on veut lui attribuer. 脡criture et style : les deux fils d'un m锚me poignard. 禄 (f. 113, p. 72)

芦 脡crire sur le Limousin, ce n'est pas d茅ployer un discours sur la聽terre聽: on ne sait plus ce que c'est que la terre, ni la campagne fran莽aise, occult茅es par l'茅cologie, toute vision de la ruralit茅 茅tant d'embl茅e suspecte 脿 la doxa, qui fait de l'茅tranger l'unique figure digne d'int茅r锚t. [鈥�] Les paysans et les ruraux de Faulkner, de Caldwell, de Flannery O'Connor, de James Agee, de McCarthy, sont nobles ; ceux de la France ne sont que des ploucs, des bouseux, des sous-hommes litt茅raires, des oubli茅s du processus d'universalisation symbolique parisien. Mieux vaut na卯tre ouzbek, kosovar, tch茅tch猫ne ou maori pour parler de territoire : on se penchera sur vous avec une 茅motion touchant au ravissement. Cette bouffonne illustration du dicton selon lequel tout est meilleur dans l'assiette du voisin a cette cons茅quence inattendue qu'elle conduit le roman fran莽ais dans les d茅fil茅s 茅troits du formalisme ou du psychologisme, 脿 quoi s'ajoute la conscience servile que les choses ont d茅sormais lieu dans l'oeil du cyclone anglophone, 茅crire n'茅tant plus qu'une mani猫re d'锚tre am茅ricain par d茅faut, au sein de langues sourdes. 禄 (f. 127, p. 79-80)

芦 La trag茅die de la litt茅rature moderne, dit Citati, c'est qu'elle est li茅e 脿 la communication de masse 鈥� au journalisme, donc, et, puis-je ajouter, 脿 sa nature essentiellement postlitt茅raire, puisque le journalisme est en concurrence avec le roman dans la falsification du monde. 禄 (f. 138, p. 85)

芦 La presse s'extasie devant la beaut茅 stylistique d'une romanci猫re qui atteint sa maturit茅 et dont il se murmure qu'elle a tout pour devenir la Toni Morrison fran莽aise. Je vais y voir de plus pr猫s : ce qui peut passer pour de la belle langue n'est qu'une option plus ou moins classique, sinon acad茅mique, de l'茅nonciation ; en r茅alit茅, cette langue n'est pas syntaxiquement ni s茅mantiquement tr猫s s没re : les 脿-peu-pr猫s, les fautes, l茅g猫res, y sont assez nombreux; le rythme n'y est qu'apparemment harmonieux ; et le style contient toutes les formules, sinon les tics, h茅rit茅s des ultimes grands stylistes europ茅ens : Claude Simon, Thomas Bernhard, notamment, et aussi de moi, comme me le dit une amie professeur 脿 la Sorbonne. C'est de la poudre aux yeux, ajoute-t-elle, le r茅tamage de la vielle casserole moderniste o霉 mijote le brouet politiquement correct. 禄 (f. 143, p. 87-88)

芦 Si le roman a commenc茅 un jour, et a inaugur茅 avec Cervant猫s les Temps modernes, il n'y a pas de raison pour qu'il ne s'ach猫ve pas, et m锚me pour qu'il ne soit pas d茅j脿 fini, sa post茅rit茅 n'茅tant ni la parodie ni sa perp茅tuation infernale mais le deuil magnifique qu'en m猫nent certains 茅crivains. Si, d'autre part, on peut avancer qu'il est n茅 avec l'茅pop茅e, il reste 脿 penser qu'il accouche infiniment de lui-m锚me sous d'autres formes, quelque chose dont on n'a pas encore tir茅 le莽on, depuis Proust et Musil, et qui m锚lerait la chronique, le r茅cit et l'essai. Il ne s'agit pas de soutenir que des choses se disent et se lisent 鈥渃omme un roman鈥�, mais de red茅ployer des narrations souveraines dont la puissance supplante le genre romanesque et qui se jouent dans l'茅paisseur de la langue, promesse et r茅compense inscrites dans un parcours initiatique, comme chez Proust, Leiris, Simon ou Sebald. Il ne faut donc pas jeter la pierre au roman, comme Val茅ry ou Breton et la plupart des avant-gardes, mais constater que son pouvoir est d茅sormais inop茅rant sur les meilleurs esprits. 禄 (f. 173, p. 103-104)

芦 Le sens, nous le cherchons le plus souvent dans des genres ext茅rieurs au roman. Un livre aussi inclassable qu'脡loge de l'ombre, de Tanizaki, suffit 脿 nous repr茅senter l'essence de la litt茅rature comme civilisation de l'int茅riorit茅 absolue. Et le th茅芒tre, la po茅sie, les m茅moires, les journaux intimes ? Ils me semblent aujourd'hui trop souvent affect茅s des m锚mes maux que le roman, lorgnant m锚me vers lui, tant de po猫tes et d'essayistes se donnant au roman comme une femme perdue 脿 son palefrenier. C'est donc dans l'inclassable que nous cherchons notre voie : fragments, bref trait茅s, aphorismes, carnets, lettres, encore qu'il y ait dans ces formes dites mineures, ou hors genre, la possibilit茅 d'une doxa, le d茅mon du Bien s'y glissant aussi s没rement que dans le roman, lequel pourrait en fin de compte devenir un lieu de subversion, raison pour laquelle quelques 茅crivains continuent d'en 茅crire, allant jusqu'au bout d'une immense fatigue. 禄 (f. 203, p. 119)

芦 La dimension plan茅taire du mal, dont le roman est une des manifestations plus ou moins volontaires, doit 锚tre contest茅e de l'int茅rieur, c'est-脿-dire par le roman lui-m锚me ; non pas forc茅ment en subvertissant un genre qui a connu toutes les grimaces de la possession et de l'exorcisme, mais en 茅crivant, en entreprenant sans rel芒che le r茅cit par quoi se manifeste la v茅rit茅, dans l'accroissement de la 鈥減uret茅鈥� du sens, comme e没t dit Mallarm茅. 禄 (f. 266, p. 149-150)

芦 La mort du roman est proportionnelle au d茅veloppement de la vitesse : l脿 o霉 la lenteur n'a plus cours, le roman est inutile, m锚me par antiphrase. 禄 (f. 292, p. 162)

芦 Le mot 茅criture, aujourd'hui, dans son acception barth茅sienne, ne veut plus dire ersatz de style, encore moins singularit茅 moderniste, mais renoncement 脿 la langue, non par 茅cart (fondateur, lui, du geste litt茅raire), mais par mis猫re : la mis猫re comme illusion d'authenticit茅 individualiste. 禄 (f. 307, p. 169)

芦 Il suffit de lire quelques pages de Juan Carlos Onetti pour voir qu'on a affaire 脿 un monde : celui de Santa Maria, peupl茅 de personnages 茅tonnants, 茅nigmatiques, d茅routants. [鈥�] Voil脿 un 茅crvain qui sait r茅unir dans la m锚me phrase le visible et le sonore, qui a autant de vue que d'oreille, le tout sur un arri猫re-fond d'ironie souveraine. 禄 (f. 332, p. 181)

芦 Il faut un certain degr茅 d'innocence pour lire un roman. Je ne le poss猫de peut-锚tre plus : l'芒ge, la d茅ception, l'exp茅rience 茅ditoriale et, plus encore, ce moment o霉 tout 茅crivain, tout artiste finit par ne plus s'int茅resser qu'脿 son propre travail en se retournant contre son art, seule fa莽on d'esp茅rer renouer avec la ferveur insens茅e des d茅buts, la sachant impossible mais trouvant dans cette impossibilit茅 la condition d茅sesp茅r茅e de l'innocence. 禄 (f. 377, p. 203)

芦 Si le roman manque la v茅rit茅 parce que (comme le sugg茅rait d茅j脿 Blanchot, il y a cinquante ans) la Technique a transform茅 les modes de divertissements au point de le rendre inutile, alors le temps du roman peut commencer vraiment, contre le roman lui-m锚me, par exemple sous la forme du r茅cit 鈥� lequel, selon Blanchot, 鈥渃ommence o霉 le roman ne va pas鈥�, et se manifeste comme autant d'incisions dans le tissu mensonger qui se donne aujourd'hui pour le r茅el : trouer la toile, d茅chirer le voile, souffler dans les interstices, retourner le gant du pass茅 pour en montrer l'actualit茅 profonde, voil脿 la t芒che de l'茅crivain. 禄 (f. 405, p. 216)

芦 L'indication 鈥渞oman鈥�, la photo putassi猫re de l'auteur, la d茅clinaison des 茅loges fournis par une presse stipendi茅e, tout 莽a est 脿 ce point mals茅ant, r茅pugnant, obsc猫ne, m锚me, qu'on souhaite voir le feu du Ciel s'abattre sur le milieu pr茅tendu litt茅raire, nous laissant, nous autres 茅crivains, dans la solitude du t茅moin pour qui nul lecteur ne t茅moignera. 禄 (f. 535, p. 270)